Gravity :
un jeu d'équilibre parfait
Gravity, c'est la
puissance même. En l'espace de quelques secondes le cinéaste nous
met en condition. Assis sur votre fauteuil, les premières phrases à
l'écran nous révèlent que l'espace est cet endroit angoissant où
aucun son ne sort. Vous n'entendez rien, rien ne peut vos parvenir.
Une fois prévenu, le spectateur s'attend alors à un silence des
plus profond. Prenez garde, c'est là qu'intervient la première
gifle de l'auteur. Un son perçant de quelques secondes vient vous
condamner à une surdité pour les prochaines minutes.
Loin d'être muet, le
film vous condamne pourtant à une certaine mutité. A chaque
instant, à chaque seconde le spectateur est sous tension. Tout est
possible dans un des récits des plus simples. L'histoire se résume
en quelques mots : les débris d'une station russe menacent
celle de nos protagonistes, et il s'agit de rentrer au plus vite à
l'abri. Bien sûr, cela ne va pas se passer comme prévu. Georges
Clooney, grande star Hollywoodienne va très vite sortir de
l'écran. Il s'agit donc d'un certain pari pour l'auteur, qui se
révèle être d'une audace réussie. Sandra Bullock, que l'on
at très peu vue récemment au cinéma, devient donc rapidement seule
personnage du récit. Mais finalement, l'acteur principal de l’œuvre
devient l'espace. C'est lui qui va jouer le plus grand rôle.
Souvent décevante, la 3D
est ici satisfaisante et surprenante vis-à-vis de l'ampleur que cela
donne au film. Le risque avec la technique est d'en faire trop, de
démultiplier les effets, et de rendre ainsi le spectateur nauséeux.
Le cinéaste nous montre qu'il n'en faut que très peu pour que la 3D
fasse son effet. Deux, trois éléments suffisent, et c'est
finalement bien assez. La 3D vient remplir un rôle très important
au cinéma ici qui est l'effet d'immersion. Pendant près de 90
minutes, le spectateur est transporté dans l'espace, au dessus de la
terre ferme, oubliant sa position matérielle même qui est d'être
assis dans son fauteuil.
La tension est palpable à
chaque instant. Nous devenons Sandra Bullock, nous prenons
peur, nous hallucinons, tout comme elle. On s'inquiète, on s'énerve
quand cela ne marche pas. Tout est dans le film. L'effet d'immersion
est complet et incroyable. Le format de 90 minutes ne rend pas la
séance trop longue, et nous permet encore une fois d'être concentré
à chaque moment. Les effets spéciaux, magistraux, sont d'un
réalisme sans nom, et nous donne une telle impression que nous en
transpirions presque.
Pour ainsi dire, le film
est un chef d’œuvre. Une balance incroyable entre 3D, durée du
film, effets spéciaux, et pari risqué d'un film à personnages
limités. S'ajoute à cela une fin qui ne fait pas dans le
dramatique, et qui nous donne des frissons dans le dos.
J'achète, et j'en
redemande.
Marie Schrobiltgen
L3 Lettres & Arts