Notes
on the circus (de nos jours) : Le renouveau du Cirque
Depuis
le 17 décembre la troupe Ivan Mosjouskine nous présente leur tout
nouveau spectacle : « Notes on the circus ». Où se
trouve la frontière entre théâtre et cirque ? Qu'est que le
cirque aujourd'hui ? Autant de questions auxquelles les quatre
comédiens tenteront de répondre.
C'est
une petite révolution dans le milieu du cirque qui se sera
malheureusement faite bien discrète. Quand on entend « cirque »,
on s'imagine déjà la scène circulaire, les enfants qui chialent,
et leurs parents épuisés qui tentent de les calmer. Clowns et
autres tours de jonglage étant bien entendus les « incontournables »
de la soirée. Mais que nenni.
Le
concept est simple : 78 « notes » se succèdent au
cours de la représentation. A chacune des celles-ci les comédiens
se mettent en quête de l'illustrer. En début de soirée, et au fur
et à mesure que les spectateurs prennent place, ceux-ci reçoivent
le programme sur lesquelles ces notes nous sont dévoilées. Parmi
lesquelles nous pouvons lire :
- 6 : NOTE sur une figure de cirque
- 15 : note sur le décret de 1812 qui interdit la parole au cirque
- 19 : note sur le fait de PERDRE SES MOTS en public
- 26 : Note sur LE DERAPAGE
C'est
l'univers du cirque dans sa totalité qui est repensé. Le cirque est
du divertissement avant tout. Or c'est ce pur divertissement qui a
souvent été au cœur des critiques d'intellectuels qui préféreront
le théâtre pour sa qualité réflexive. Mais qui à dit que le
cirque ne pouvait pas nous rendre plus intelligent ? Est-ce que
cet art nous condamne à l'absurde et à la bouffonnerie ?
La
troupe Ivan Mosjouskine nous prouve en 1h50 que le cirque peut-être
encore plus théâtral que le théâtre lui-même. A travers les
différentes « notes », les comédiens nous montrent
comment le cirque peut conjuguer l'humour, la poésie et une
réflexion sur son propre art. Chacun des performeurs ont leur
spécialité : de celui qui arrive à tenir à l'envers sur sa
tête pendant plus de deux minutes, à celle qui maintient sur son
crâne toute sorte d'objets, en passant par celle qui nous fait
voyager dans les airs, ils nous prouvent sans cesse leur génie
créateur. En jouant avec les codes de leur art et en les détournant,
ils nous proposent une nouvelle forme de cirque. On aura vu des
clowns, des couteaux évitant une jeune fille, des tartes en pleine
têtes, et tout autres figures du cirque traditionnel. Mais ici tout
est re-questionné et vu d'un regard neuf.
Le
spectateur expérimenta en une soirée toutes sortes d'émotions. Des
rires aux pleurs, de la peur au soulagement, il sera sans cesse pris
dans la force de l'instant. Mais c'est aussi un spectateur qui sera
sans cesse pris à parti, qui devra se poser la question de ce qui
est donné à voir.
C'est
ainsi que la troupe arrive à tordre le coup aux réfractaires du
cirque en leur proposant une alternative des plus intelligentes. Il
ne s'agit donc pas de tout effacer et de tout re-créer, mais prendre
ce qui existait déjà et de nous montrer que le cirque est toujours
vivant, et qu'il est plus fort que jamais.
Marie Schrobiltgen
L3 Lettres & Arts
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