vendredi 7 février 2014

Théâtre - Critique: "Notes on the circus (de nos jours)", Ivan Mosjouskine

Notes on the circus (de nos jours) : Le renouveau du Cirque


Depuis le 17 décembre la troupe Ivan Mosjouskine nous présente leur tout nouveau spectacle : « Notes on the circus ». Où se trouve la frontière entre théâtre et cirque ? Qu'est que le cirque aujourd'hui ? Autant de questions auxquelles les quatre comédiens tenteront de répondre.

C'est une petite révolution dans le milieu du cirque qui se sera malheureusement faite bien discrète. Quand on entend « cirque », on s'imagine déjà la scène circulaire, les enfants qui chialent, et leurs parents épuisés qui tentent de les calmer. Clowns et autres tours de jonglage étant bien entendus les « incontournables » de la soirée. Mais que nenni.

Le concept est simple : 78 « notes » se succèdent au cours de la représentation. A chacune des celles-ci les comédiens se mettent en quête de l'illustrer. En début de soirée, et au fur et à mesure que les spectateurs prennent place, ceux-ci reçoivent le programme sur lesquelles ces notes nous sont dévoilées. Parmi lesquelles nous pouvons lire :
  • 6 : NOTE sur une figure de cirque
  • 15 : note sur le décret de 1812 qui interdit la parole au cirque
  • 19 : note sur le fait de PERDRE SES MOTS en public
  • 26 : Note sur LE DERAPAGE

C'est l'univers du cirque dans sa totalité qui est repensé. Le cirque est du divertissement avant tout. Or c'est ce pur divertissement qui a souvent été au cœur des critiques d'intellectuels qui préféreront le théâtre pour sa qualité réflexive. Mais qui à dit que le cirque ne pouvait pas nous rendre plus intelligent ? Est-ce que cet art nous condamne à l'absurde et à la bouffonnerie ?


La troupe Ivan Mosjouskine nous prouve en 1h50 que le cirque peut-être encore plus théâtral que le théâtre lui-même. A travers les différentes « notes », les comédiens nous montrent comment le cirque peut conjuguer l'humour, la poésie et une réflexion sur son propre art. Chacun des performeurs ont leur spécialité : de celui qui arrive à tenir à l'envers sur sa tête pendant plus de deux minutes, à celle qui maintient sur son crâne toute sorte d'objets, en passant par celle qui nous fait voyager dans les airs, ils nous prouvent sans cesse leur génie créateur. En jouant avec les codes de leur art et en les détournant, ils nous proposent une nouvelle forme de cirque. On aura vu des clowns, des couteaux évitant une jeune fille, des tartes en pleine têtes, et tout autres figures du cirque traditionnel. Mais ici tout est re-questionné et vu d'un regard neuf.

Le spectateur expérimenta en une soirée toutes sortes d'émotions. Des rires aux pleurs, de la peur au soulagement, il sera sans cesse pris dans la force de l'instant. Mais c'est aussi un spectateur qui sera sans cesse pris à parti, qui devra se poser la question de ce qui est donné à voir.


C'est ainsi que la troupe arrive à tordre le coup aux réfractaires du cirque en leur proposant une alternative des plus intelligentes. Il ne s'agit donc pas de tout effacer et de tout re-créer, mais prendre ce qui existait déjà et de nous montrer que le cirque est toujours vivant, et qu'il est plus fort que jamais. 
Marie Schrobiltgen
L3 Lettres & Arts  


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