De la troisième à la terminale, les programmes d’histoire sont jalonnés de
cours sur les guerres mondiales. 1914. Sarajevo. Tranchées. La Marne, Verdun et
encore la Marne.[…] Traité de Versailles. Et puis 1939 arrive, avec une liste
de dates sanglantes qui n’a cessé de s’allonger jusqu’en 1945. La nuit de
cristal, Charte des Nations Unies, Stalingrad… Cela vous rappelle vos fiches de
brevet ? Pourtant, un nom manquait
sans doute d’y figurer ; celui d’Alan Turing. Alan Turing, ou l’homme qui
a réussi à décrypter les rouages de la machine
«Enigma », machine allemande réputée inviolable qui permettait, si l’on
connaissait les bons paramètres, de découvrir la teneur des messages cryptés
des allemands. Ces travaux en cryptologie, selon plusieurs historiens, auraient
permis de gagner quelques années de guerre contre le régime nazi. Imitation Game permet de retracer cet
épisode qui manque à être connu et un pan de la vie de ce génie mathématicien.
Le film nous embarque donc dans une course contre le temps effrénée. Dès
les premières minutes du film, nous revoilà déjà en guerre contre l’Allemagne.
On entend les discours véridiques de l’époque, des images d’archives défilent.
L’ambiance devient instantanément plus pesante. Et face à cette menace qu’est
Hitler et son régime, dont on connait les conséquences tragiques, une poignée
de mathématiciens est choisie pour battre Enigma. Non content d’être une
machine complexe, ses paramètres sont remis à zéro tous les soirs, à minuit, ce
qui laisse à nos chercheurs une vingtaine d’heures pour essayer toutes les
combinaisons imaginables et de trouver la bonne, avant que minuit ne sonne
l’anéantissement du travail d’une journée, et qu’il faille recommencer,
inlassablement. Au milieu de tout ça est dressé le portrait du mathématicien
Alan Turing, incarné par Benedict Cumberbatch. Marginal, asocial,
« différent » par bien des aspects, qui se met en tête de construire
envers et contre tout, une machine du même rang qu’Enigma.
Cette histoire est absolument captivante, de par la disproportion entre
l’ampleur des travaux de ces hommes –car il ne faut pas oublier l’ensemble des
hommes et des femmes qui ont contribués à ce projet même à petite échelle, et
le peu de reconnaissance ni même de connaissance accordées à ce sujet. Sur un
plan filmique, il en va de même ; j’ai été entrainé de façon haletante
dans une quête impétueuse et ô combien humaine, caractérisée par sa fragilité,
ses échecs, et une incroyable envie de vivre. De là, il faut saluer le jeu des
acteurs, qui sont touchants au possible et vrais. Mention spéciale pour
Benedict Cumberbatch, qui assume le rôle principal du film, et qui donne un
vrai relief à la figure du génie. Tantôt exécrable, tantôt passionné, souvent
perdu, mais lui aussi, humain avant tout. Parce que j’ai trouvé qu’on nous
présentait avant tout des alter egos, avant de les affubler de qualificatifs
héroïques, ce film amène à l’empathie et à l’aventure humaine. Rendez-vous aux
Oscars 2015 pour savoir s’il raflera les récompenses espérées (nominé dans
huit catégories dont meilleur film)!
Jessica Crochot, L3 Lettres&Arts
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