vendredi 6 février 2015

Critique Into The Woods


  

 
  Il était une fois, au détour d’un quartier grisé par l’agitation des passants, un bâtiment de petite taille abritant derrière chacune de ses portes, mille et une histoires projetées sur écrans blancs. Dans l’une de ces salles obscures mercredi dernier, se trouvaient un loup affamé, une sorcière, un chaperon rouge, une certaine Cendrillon, un jeune garçon répondant au nom de Jack, et une demoiselle à la chevelure considérable enfermée dans une tour. Leur point commun ? Être à l’origine des contes que la compagnie Disney s’est appropriée pour en faire les dessins animés chéris qui ont bercés notre enfance. Leurs interprètes ne nous sont pas moins méconnus : on compte entre autre Meryl Streep, Johnny Depp, Emily Blunt, Chris Pine et Christine Baranski. Aujourd’hui, grâce à ce film issu d’une comédie musical du même nom, ces personnages se rencontrent dans un seul et même conte.

  Originale puisque souvent minoritaire au cinéma, la comédie musicale est souvent déconcertante de prime abord. Il ne faudra pas questionner leurs chants incessants et l’apparente fantaisie des actions -qui tendent vers un rendu irréaliste au possible, pour pouvoir s’immerger complètement dans un monde diamétralement autre. Somme toute, revenir à un état plutôt bon enfant, encore plus nécessaire de par le fait qu’il est ici question de contes. Néanmoins, il est à noter que le film n’est pas uniquement construit pour un jeune public. En effet, le scénario du film est truffé de références et d’humour implicite que seul un spectateur averti pourra reconnaître. En fait, ce film se sait comédie musicale, et joue des codes propres à ce genre pour atteindre le public adulte, ce que j’ai trouvé personnellement très subtile.

Cela s’illustre par exemple dans la séquence chantée en duo par le prince de Raiponce et celui de Cendrillon au sommet d’une cascade; la scène va crescendo vers l’absurde et l’autodérision de la figure du prince. D’une part, l’humour se crée par le paysage qui devient à part entière un élément comique, lorsque les princes se jettent pieds joints tour à tour dans l’eau, dans l’optique d’être faussement émouvant, alors que le rendu est tout autre à cause des éclaboussures assez enfantines. D’autre part, le comique émane évidemment des personnages eux-mêmes, par leurs expressions très théâtrales, tantôt contrites de désespoir, tantôt amourachées mais jamais surjouées, d’où la subtilité du comique. Ils accompagnent la parole de gestes exagérés, comme le fait d’ouvrir sa chemise en l’arrachant, souvent exécutés en miroir ce qui donne un aspect clownesque. Il était question de références dans l’ensemble du film ; dans cette scène, on pourra d’ailleurs noter deux références, l’une à Travolta (par les habits d’un des deux princes, et d’une gestuelle assez reconnaissable), l’autre à la danse contemporaine/d’autres comédies musicales, qui utilisent l’eau comme effet pathétique ou saisissant, pour en jouer et le détourner.

  Dès lors qu’on s’habitue à l’univers du conte, irréaliste et fantastique, et aux nombreuses chansons qui jalonnent les dialogues des personnages, on accepte plus facilement l’aspect un peu simpliste des effets spéciaux. En effet, Johnny Depp par exemple semble plus grimé en loup avec ses grandes ( fausses) vibrisses et son chapeau hauteforme doté de deux oreilles qu’incarnant un loup. Il n’y a pas vraiment cette volonté d’illusion à tout prix. Seule Meryl Streep porte un maquillage qui semble être issu de plusieurs heures de travail. D’un point de vue purement cinématographique, genre à part, le film s’avère être un peu long, avec une coupure au milieu créant deux récits distincts et pas nécessaires l’un à l’autre. La voix off, se voulant être la voix du conteur, à mi-chemin entre l’ironie pas totalement assumée et la bienveillance propre aux conteurs rend ses interventions troublantes et peu constructives. Enfin, l’enchainement et l’encastrement des récits les uns dans les autres est  assez grotesque. Mettons qu’encore une fois, seul le genre permet d’excuser ces légères incohérences…


Ils vécurent heureux et eurent beaucoup  d’enfants de critiques.

Jessica Crochot, L3 Lettres et Arts

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire