lundi 2 février 2015

Théâtre - Critique: Hamlet, mise en scène de Daniel Mesguich

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Hamlet, c’est souvent cette pièce de théâtre qui trône dans nos bibliothèques, que nous avons lue, étudiée ou peut-être vue une fois, coincée entre des monuments tels Le Cid et L’Avare, et dont on croit connaitre l’essentiel : «Être ou ne pas être, telle est la question ». Réducteur ? Assurément. Et il y a ces « autres » qui se chargent de prendre le texte à bras le corps et de l’examiner sous tous ses aspects, traquant la virtuosité à toutes les lignes, et de la remettre en forme, comme Daniel Mesguich, metteur en scène de son état. Ce dernier n’a eu de cesse, en un rendez-vous inlassable et immanquable, de monter la pièce tous les dix ans.

Dans un décor simpliste, Hamlet, interprété par William Mesguich, déambule, livide, empli de colère, de part et d’autre de l’espace scénique. Incontestablement, la puissance de ses états nous émeut et nous transcende : sa performance est digne des plus grands. Côté mise en scène, on se laisse impressionner par l’énorme travail  fourni sur la dramaturgie, et on n’en attendait pas moins de Daniel Mesguich. Le dédoublement des personnages en est l’exemple parfait ; il nous fait osciller entre onirisme et folie dans une lente valse tragique. D’autre part, Daniel Mesguich rend une dimension comique au texte, notamment à travers le personnage du père d’Ophélie, trop souvent inexploitée dans les mises en scène d’Hamlet

Toutefois, les choix faits quant à la traduction de la pièce dérangent : le mélange d’un texte fidèle, au style envolé propre à Shakespeare, contraste avec certains passages retranscrits dans un français très actuel et familier. La pièce tend par de nombreux aspects, à rappeler que nous sommes bien au théâtre et brise l’illusion théâtrale de façon brechtienne. Parti pris original, qu’on aurait aimé plus constant et moins ponctuel. En effet, d’autres procédés beaucoup plus récurrents viennent à son encontre. Ainsi, chaque action marquante se finit sur un noir sur scène, et un bref extrait de musique en leitmotiv, de telle sorte que le rendu semble mettre en avant le texte et l’action, de façon très classique. En somme, la mise en scène d’Hamlet est de loin moins prenante que ne l’a été celle d’Agatha.  Dommage…

Jessica Crochot, 
L3 Lettres et Arts

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