lundi 2 février 2015

Théâtre - Critique : Faire danser les alligators sur la flûte de pan

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Dans Pulp, Bukowski imaginait un univers dans lequel Louis-Ferdinand Céline n’était pas mort en 1961. Cet univers ne paraîssait pas si éloigné du nôtre aujourd’hui, au Théâtre de l’Oeuvre.

Denis Lavant, bête de théâtre connu comme la muse du génial Leos Carax, arrive sur scène en se raclant la gorge. Il s’apprête à cracher le venin de Céline sur un public ébahi pendant près de deux heures.

Seul sur scène, il transforme la correspondance de l’auteur de Voyage au bout de la nuit en longues déclamations vociférantes. Céline est en colère contre les juifs, ses éditeurs, le prix Goncourt, ses critiques et même ses lecteurs. Mais surtout contre la littérature. Il se torche, littéralement et figurativement, avec la littérature française.

Quand il se calme, il nous offre une belle perspective sur sa carrière : il écrit parce que la vie l’emmerde et qu’il n’y a rien de mieux à faire. Et parce qu’il a besoin d’argent. 

Ce sont des petites remarques, presque des anecdotes, qui permettent de mieux comprendre cet homme. L’importance du style dans son oeuvre. Le succès de Voyage qui est impossible à répéter et qui le hante. On devient intimes.


Misanthrope, collabo et antisémite jusqu’à l’os, il n’est pas facile à aimer mais le Céline salaud n’empêche pas le génie d’exister, et celui-là est très attachant.
En bref, c’est une belle pièce que je vous recommande vivement. L’énergie de Lavant est foudroyante. Et même si la mise en scène n’est pas spectaculaire, on n’a pas le temps d’y penser quand deux génies s’agitent en un seul devant nos yeux.

Dennis

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