lundi 2 février 2015

Théâtre - Critique : Next Day de Philippe Quesne


Théâtre des Amandiers – Le 13 novembre 2014

Enchantée l’année dernière par la mise en scène de Philippe Quesne, Swamp Club, c’est sans aucune hésitation que j’ai cette année pris ma place pour Next Day, la nouvelle création de l’artiste qui se joue actuellement au Théâtre des Amandiers. Cette pièce est une création réalisée avec treize enfants belges, suite à une commande du centre d’art flamand CAMPO.

Dans cette pièce, les enfants sont rois. Les adultes ont désertés la scène et laissent place à ces petits d’hommes tous plus attendrissants les uns que les autres. Dès l’entrée du spectateur dans la salle, les enfants sont déjà en place, se bagarrent pour projeter leur dessin sur un rétroprojecteur, se déplacent sans prêter aucune attention aux spectateurs. Le noir se fait dans la salle, puis chaque enfant tour à tour vient se présenter face public, il décline son nom, l’instrument dont il joue, et son moment préféré dans la pièce. Les personnalités de chacun transparaissent déjà, les petits rigolos, les timides… Dans cette création rien n’est caché au spectateur, dès le début il sait ce qui va lui arriver dont une attaque contre le spectateur organisée par les acteurs. Un « plan » projeté sur l’écran juste après la présentation des enfants vient renforcer cette disparition du suspens puisqu’il annonce point par point le déroulement de la pièce dans son ordre chronologique.
Le déroulement de la pièce n’est pas caché, il en est de même pour la mise en place du décor que les enfants installent en pleine lumière sous le regard des spectateurs. Ainsi ils créent leur salon de musique, leur barricade, leur tournage de publicité… Philippe Quesne explique que cette pièce fait écho à la période de création vécue par les enfants ce qui pourrait alors expliquer la mise en place du décor face public. Comparé à Swamp Club le décor est déçevant, moins impressionnant, plus simple mais aussi plus en accord forcément avec l’univers des enfants. Les blocs de mousse utilisés sont facilement malléables et deviennent une montagne, une barricade, un fauteuil, un lit… L’utilisation de vêtements fluos permet cependant dans la pénombre de créer de très belles images. 

                                   

Cette nouvelle création a en réalité des airs de cours de récré. Le spectateur assiste, au déploiement de l’imagination des enfants. D’un tournage de pub, à une distribution de crêpes en passant par une école de super-héros, l’attaque des martiens, le concert… Quesne nous donne à voir la diversité qui compose l’imaginaire enfantin. Le spectateur sourit, attendri par cette innocence, et cette spontanéité. Les enfants n’hésitent pas non plus à briser le quatrième mur, ils distribuent des crêpes au public, et jouent avec lui lors de l’attaque de martiens. Les enfants sont traités sur un pied d’égalité, aucun n’est plus mis en avant qu’un autre, Philippe Quesne dit lui-même « il n’y a pas de premier rôle dans mes pièces ».

Cependant, malgré une très belle performance des enfants, qui sont à priori tous vierges d’expérience théâtrale et qui ont tous des talents musicaux incroyables, la pièce n’est pas particulièrement passionnante, ni intéressante. On ne peut pas dire que le spectateur passe un mauvais moment, mais il n’en ressort pas particulièrement enjoué. Heureusement que la pièce ne dure qu’une heure. Espérons pour la suite de la saison que le directeur du théâtre des Amandiers saura nous surprendre avec ses prochains spectacles.


Philippe Quesne – Next Day
Théâtre des Amandiers, Nanterre – Du 7 novembre au 14 décembre




Perrine Mériel

Master 1 Littérature, Arts et Pensées contemporaines

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire