lundi 2 février 2015

Exposition - Critique: Niki de Saint Phalle au Grand Palais

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Niki de Saint Phalle était une magnifique femme qui a eu une enfance difficile, violée par son père à 11 ans, elle tombe ensuite dans une longue dépression et se retrouve en séjour à l’hôpital psychiatrique, dès lors l’art devient son outil thérapeutique. Ce n’était pas une artiste « cinglée », c’était une féministe engagée du XXème siècle qui représentait les femmes à travers la vision des hommes. 

L’exposition commence dans une salle grise et feutrée hantée par des « sculptures fantomatiques et délurées », ce sont ses premières œuvres, art déco en relief, où sont collées toutes sortes d’objets improbables, faites d’huile, de plâtre et de peinture. 
On entre ensuite dans un univers de conte de fée avec les célèbres « Nanas », des statues de femmes opulentes et fleuries, elles sont obèses pour mieux dominer les hommes et colorées et mouvantes pour mieux exhiber leur indépendance, elles sont libres, elles dansent, sautent et n’ont aucunement besoin des hommes.

La pièce suivante casse ce côté féerique et impose un ordre militaire, Niki tire à la carabine sur des poches de peinture qui dégoulinent sur les tableaux, ses cibles sont les hommes ainsi que les pouvoirs politique, militaire et religieux. On assiste à l’explosion des matières, et devant cet acte de destruction qui amène la création, on en perd les mots.
Puis place à une « jungle nocturne », qui clôture la visite, où les œuvres s’illuminent, dont un énorme crâne scintillant fait de bouts de miroirs colorés. Partout sur les murs noirs, des dessins adorables, hauts en couleur avec des phrases romantiques, des cœurs et des fleurs, adressées à ses amours qui font ressortir son côté « femme-enfant ». 

Mais si ses œuvres sont philosophiquement intéressantes car elles dégagent l’essence du mouvement féministe, on ne peut pas dire qu’elles soient, pour la plupart, esthétiquement belles. Cela reste une exposition haute en couleur et complétement délurée, à la fois joyeuse et puissante, qui s’adresse au grand public, même si la plupart des visiteurs sont des visiteuses. Alors n’hésitez plus, par chance, l’exposition dure jusqu’au 2 février, tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 22h, le dimanche et le lundi, jusqu’à 20h.


June Cooper

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